Récit de confinement en cube (par Wenaël Aloë)

Cette expérience dépasse l’expérience réelle du confinement, puisqu’elle n’est qu’un reflet proposé à cet instant où la vie commençait à peine à recommencer.

Ce que j’ai fait, dans cette performance en cube, c’était juste sortir ma case de sa case en la mettant dans une case. C’était juste occuper l’espace à un moment.

J’étais là comme d’habitude, dans mon cube, dans mon bloc, dans la circonférence taillée dans le carré. J’étais vraiment là, de vous à moi, envoûté par un millier de chose, qui vous appartiennent et qui vous échappent. J’étais là, bien dans ma tour de bloc au carré, j’étais là, à même le sol. Et vous me regardez, à même mes parois de plastiques.

Sentiment d’animal en cage, de singe au zoo.

J’ai fait chauffer la dynamo aussi longtemps que faire se peut, alignant des beats fondus dans une matrice.

Je vous ai animé.

J’aurais voulu que vos corps de spectateurs se tordent comme j’ai tordu mon corps cent mille fois contre les murs d’enceintes.

J’aurais voulu que dans l’onde vous vous démembriez, non pas comme de la viande qu’on peut tordre dans les abattoirs industriels, mais comme ces peaux qui sortent de l’ombre.

J’aurais voulu que vos gorges s’essoufflent par pur plaisir de danser.

On a été contraint à la cadenasse collective, bien parqué dans nos bloc, dans nos mètre carrés. À distance de barrière de plus d’un bras du corps. Cloîtré là, qui sait ce qui nous a passé par la tête.

Quid de nos libertés ? Quoi de nos enfermements ?


Wenaël Aloë est un artiste-plasticien punk œuvrant en France, parfois à Bruxelles lors de ses fameuses escapades belges. Il fait usage de son approche plastique dans l’animation sociale, lors d’installations et de lectures-performances. Il n’est pas rare de le voir « produire du son », comme il aime à le dire, lors de soirées électros underground.