Théâtre ONYX
Avec Les Collectors
saison 3

Joël Kérouanton
ledicoduspectateur.net

Sommaire

5 Extension

14 Deal

38 Deixe me

43 Comme aucun nid n’entoure son oiseau

52 Gus

59 Le mini-dico du spectateur - théâtre ONYX — saison 3

64 Colophon

Édito

Au départ, c’est une simple idée : chacun, à présent, grâce aux réseaux sociaux, est capable d’émettre un avis sur tout et n’importe quoi, et se livre en pâture au monde entier. Étonnamment, dans le spectacle vivant, cette pratique est l’apanage des professionnels, des critiques autorisés et de la presse spécialisée.
Pour le simple spectateur, la critique se limite souvent à son cercle proche, la personne qui l’accompagne, au mieux quelques amis, au pire le personnel du théâtre toujours à l’écoute. Pourquoi ne pas donner au spectateur la possibilité d’exprimer son avis dès la sortie de salle pour ensuite le partager avec les autres spectateurs ?
Ce serait lui donner une valeur, sa valeur, tout aussi importante que celle du critique professionnel. Comme chaque spectateur participe depuis son siège à l’avènement du spectacle, il peut — il est en droit de — donner lui aussi son avis sur ce spectacle et ainsi apporter sa contribution au but social du spectacle, au questionnement de la société, au débat qu’il peut susciter.
Pour cette troisième saison, nous avions décidé d’associer de nouveaux Collectors plus jeunes, nos Collectors juniors ; à cause des péripéties, reports et annulations, nous avons seulement pu toucher du doigt la fraîcheur de leur présence dans cette brigade. Nous avons tout de même pu livrer cette troisième fournée d’avis passée au crible du verbe de Joël Kérouanton, infatigable questionneur de la place du spectateur.
En souhaitant que notre brigade de Collectors et Collectors juniors puisse reprendre ses activités, nous vous livrons là cette troisième mouture, qui, nous l’espérons, vous amusera, vous interrogera et — pourquoi pas — vous donnera l’envie de nous rejoindre.
Bonne lecture !
L’équipe du théâtre ONYX

Avec Les Collectors — saison 3

Saint-Herblain, 2019-2020


Au départ, c’est une simple idée : chacun, à présent, grâce aux réseaux sociaux, est capable d’émettre un avis sur tout et n’importe quoi, et se livre en pâture au monde entier. Étonnamment, dans le spectacle vivant, cette pratique est l’apanage des professionnels, des critiques autorisés et de la presse spécialisée.
Pour le simple spectateur, la critique se limite souvent à son cercle proche, la personne qui l’accompagne, au mieux quelques amis, au pire le personnel du théâtre toujours à l’écoute. Pourquoi ne pas donner au spectateur la possibilité d’exprimer son avis dès la sortie de salle pour ensuite le partager avec les autres spectateurs ?
Ce serait lui donner une valeur, sa valeur, tout aussi importante que celle du critique professionnel. Comme chaque spectateur participe depuis son siège à l’avènement du spectacle, il peut — il est en droit de — donner lui aussi son avis sur ce spectacle et ainsi apporter sa contribution au but social du spectacle, au questionnement de la société, au débat qu’il peut susciter.
Pour cette troisième saison, nous avions décidé d’associer de nouveaux Collectors plus jeunes, nos Collectors juniors ; à cause des péripéties, reports et annulations, nous avons seulement pu toucher du doigt la fraîcheur de leur présence dans cette brigade. Nous avons tout de même pu livrer cette troisième fournée d’avis passée au crible du verbe de Joël Kérouanton, infatigable questionneur de la place du spectateur.
En souhaitant que notre brigade de Collectors et Collectors juniors puisse reprendre ses activités, nous vous livrons là cette troisième mouture, qui, nous l’espérons, vous amusera, vous interrogera et — pourquoi pas — vous donnera l’envie de nous rejoindre.
Bonne lecture !
L’équipe du théâtre ONYX

TOUTES LES EXPÉRIENCES AVEC LES COLLECTORS & ONYX
PRÉSENTATION DES COLLECTORS

Cet article est le récit d’une soirée « Critique du spectateur » menée avec le théâtre ONYX et Les Collectors, autour du spectacle Extension.


Théâtre ONYX, 15 novembre 2019.

Mais jusqu’où iront ces artistes ? Le Cirque Inextremiste complète son nom par « Cirque et réel à risques » ! Le trio infernal d’acrobates d’Inextremiste débarque avec Extension. Comme dans leur précédent spectacle, ils réutilisent planches et bouteilles de gaz. Mais après s’être fait voler son fauteuil roulant par ses compères, Rémi revient au volant d’un engin redoutable, une minipelle ! La vengeance est prise et les frissons garantis. L’engin de chantier porte les acrobates en équilibre, jusqu’à les envoyer dans les airs (…).
PRÉSENTATION D’EXTENSION PAR ONYX



La scène du début débute mal, elle nous fait mal avec son début crash/cash/trash, elle fait du début un malaise, le début est vraiment du malaise, on se dit qu’on ne va pas accepter ça, on ne se voit pas du tout tenir comme ça du début à la fin, d’ailleurs un spectateur était prêt à monter sur scène, pour régler le problème du début parce que tout est réel il a dit, il a dit que tout est réel au début et puis on lui a dit que c’était du spectacle, c’est réel et c’est faux, c’est du spectacle alors il n’y est pas allé, sur la scène pour régler le problème du début, pour régler l’histoire entre les trois gars, le premier se fait martyriser au début par les deux autres, on hallucine, c’est vraiment l’hallu complète, mais c’est le monde du spectacle, le faux paraît vrai et là c’était plus vrai que vrai, c’était vraiment vrai, les deux autres gars mettaient le troisième dans une poubelle, on n’avait pas rêvé, dans une vraie poubelle, une poubelle verte, et hop ils l’avaient glissé dans une vraie poubelle verte, le gars martyrisé n’avait rien pu faire, il avait les deux jambes paralysées et on le glissait dans une poubelle verte, c’était presque un cercueil vertical, fallait aller le chercher, cet élan, pour échapper désespérément à l’enfermement d’une poubelle, alors il y avait un vrai malaise du début, un enfant a même dit avoir eu envie d’aller prendre le gars par la main, une personne handicapée dans une poubelle verte, le début commençait bien, ou plutôt ça commençait mal avec ce malaise du début, on se disait : Ah, c’est vraiment des salauds ! C’est dégueulasse ce qu’ils nous font ! On accepte parce qu’on n’ignore pas que l’on se trouve au spectacle, mais quand même ! Dans une poubelle on n’a pas compris pourquoi et c’est là qu’une spectatrice a dit qu’elle a vu du Beckett, l’homme dans sa poubelle c’était du Beckett dans Fin de partie, alors si c’était du Beckett ce n’était plus du tout la même chose, tout d’un coup le début devenait du Beckett alors le malaise s’est dissipé, on a mieux accepté, c’est de l’absurde, faut pas prendre les choses à la lettre quelqu’un a dit, pas voir du vrai dans le faux du spectacle, et pourtant c’était quand même bien réel ils l’avaient mis dans une poubelle verte, d’ailleurs on ne voyait que cette poubelle sur la scène, sa présence devenait presque obsédante avec ce personnage-victime qui y restait coincé, mais sous la carapace dérisoire et mortifère de la poubelle, quelque chose avait fermenté, le gars reprenait des forces, il allait riposter avec une pelleteuse !

C’est sûr, on n’a jamais vu ça, a dit un spectateur, on n’a jamais vu un cirque pareil avec une pelleteuse d’allure mutante, elle semble presque s’échapper d’un laboratoire, c’est unique au monde, ah si ! y a eu Dominique Boivin qui l’a déjà fait !, s’est souvenu un spectateur-référence, Dominique Boivin a joué seul avec une pelleteuse sur scène, Transports exceptionnels ça s’appelait, mais dans Extension c’est un peu différent, le gars il fait danser la pelleteuse sur fond de rap américain, ça envoie, on aurait dit une scène de Mad Max a même ajouté une spectatrice, Les Temps modernes de Chaplin, a renchéri une autre, et pour cause le gars donnait l’impression à certains moments qu’il ne maîtrisait pas du tout la pelleteuse, c’était bringuebalant au possible mais hyper calculé, la maîtrise était sans limites et il a fait ça cool, c’était très belge, il y avait des repères sur la planche, tout s’est passé au millimètre, c’était de la physique de haute volée — circassien c’est un métier de pointe. L’engin sautait, il sautillait même, avec son godet à l’allure incontrôlable, elle cahotait, la pelleteuse, le conducteur et les spectateurs avec, la pelleteuse mutante devenait un personnage, elle devenait le quatrième personnage de la pièce, mais non pas du tout du tout du tout, a répliqué un spectateur aux aguets, la pelleteuse était le prolongement du corps handicapé, la pelleteuse était les jambes que le circassien n’avait pas, la pelleteuse était l’Extension d’un corps.

Et finalement, que pourrait dire chacun et chacune du spectacle Extension ? a lancé à la volée un spectateur un peu prof’, et si chacun ou chacune racontait son histoire de spectateur ou de spectatrice ?, il a continué, sa belle histoire de spectateur ou de spectatrice, il a insisté, c’est l’histoire de l’intégration d’une personne handicapée physique qui vivait comme tout le monde, a affirmé un spectateur en verve, un handicapé avec deux jambes en moins, on lui fait de la misère comme aux autres, on lui fait des crasses comme tout le monde et il se venge avec la pelleteuse, il se venge sans rencontrer de problème de mobilité, au contraire ! Il se venge mais très vite la vengeance s’arrête, les protagonistes ne sont plus dans ce rapport de force, il y a un passage de flou dans le spectacle, ça passe d’un rapport conflictuel à un rapport de jeu a précisé une spectatrice, c’est peut-être un peu amené rapidement, très vite ça se dénoue, deux gars font les salauds contre un troisième et pif ! paf ! pouf ! ils sont copains, si bien qu’Extension devient l’histoire d’une différence qu’on oublie, on a oublié la différence, d’ailleurs on ne sait plus qui est handicapé et qui ne l’est pas, le handicap est tourné en dérision, on croit un moment que c’est le gars en rouge et puis non ce serait le gars en gris et puis non et puis si et puis on réalise que le handicap que l’on voit dépend de notre regard à nous, les normopathes.

Les normopathes ce ne sont certainement pas les enfants, on ne naît pas normopathe, on le devient, c’est quand même quelque chose d’être un enfant, les adultes ne prennent pas suffisamment appui sur le sol de l’enfance, un petit corps balbutiant se cache souvent dans le corps d’un adulte désenchanté, il en va d’une quête, la quête de l’enfant en soi pour retrouver un regard d’enfant devant Extension, un regard qui a pu dire des choses comme « Ils ont voulu faire des conneries, ils sont allés jusqu’au bout pour les faire — et même au-delà », qui aurait pu dire une chose pareille à propos du spectacle Extension, hein, qui en dehors d’un enfant ? Et ce n’est pas tout, y a un môme pas plus haut que trois pommes qui a évoqué L’Âge de glace, dans ce dessin animé il y a un écureuil qui cherche tout le temps une noisette, et dans Extension il y a tout le temps un personnage qui cherche une bière, qui court après sa bière, capable de prendre une planche en équilibre et de poser sa bière au bon endroit, comme s’il avait l’intelligence de la bière, le personnage n’avait vraiment pas la mesure du ridicule.

Et c’est vrai qu’au début tu rigoles, a renchéri un spectateur bien adulte, et tu te dis que les personnes en situation de handicap se marrent bien entre elles, et voilà, on ne les voit plus comme handicapées, Extension réussit une mise en valeur complexe du handicap, on se marre aussi quand ils invitent le public à leur tirer dessus avec des boulettes en papier, le public leur tire carrément dessus, et il se marre, Extension c’est un jeu punk, c’est tout le temps un jeu punk, le jeu punk du spectacle et de la vie, le jeu de la résilience, de l’acceptation de la différence où le public se dit qu’il a peut-être mal agi à un moment donné avec ses boulettes en papier, il réfléchit, le public, pourquoi a-t-il lancé des boulettes en direction d’une personne handicapée, il se le demande, presque gêné d’en rire.

Dans ce spectacle, qui n’en est pas un tant il paraît vraisemblable, le martyrisé devient martyrisant, il y a clairement ici une permutation du dominant et du dominé, et peut-être c’est ainsi dans la vie, la vie bascule parfois, la permutation est latente, finalement les choses peuvent tourner, les dominés deviennent parfois dominants et ça tourne, les trois gars du spectacle sont dans une histoire qui tourne, le fort, le faible et l’ami du faible ils tournent, les spectateurs et les spectatrices optimistes s’y retrouvent, la note d’espoir est présente à la fin, tout va bien, ça avait très mal commencé et à la fin il y a de l’amour, tout va bien, c’est presque poétique, on se trouverait presque dans une boîte à musique a chuchoté un enfant, vraiment tout va tout va bien.

Et puis il y a l’histoire que les uns et les autres se racontent, les uns se racontent une histoire et les autres une autre histoire, et alors voilà, tout le monde se raconte des histoires, mais il y en a qui ne comprennent pas l’histoire qui se déroule sur scène, et il y en a qui comprennent très bien, pour certains spectateurs ou spectatrices c’est très clair, pour d’autres ce n’est pas clair, certains comprennent et certaines ne comprennent pas et tout le problème du spectacle se focalise sur le comprendre et c’est vraiment un vrai problème, ce basculement du plaisir au déplaisir de regarder un spectacle parce qu’il faut comprendre, mais pour Extension il n’y a pas de dialogue, il n’y a rien à comprendre à proprement parlé, tout est axé sur le visuel et l’ouïe, le défonçage de la palissade, la rampe de lumière qui s’écroule (presque) sur le public, la puissance de la musique, la danse de la pelleteuse, les jeux d’acrobaties sur des poutres et des bonbonnes de gaz, tout est axé sur le ressenti, sur notre propre histoire dans notre tête alors certains spectateurs et spectatrices sont bien embêté·es, et puis zut, s’ils disent qu’il n’y a pas d’histoire dans Extension, c’est qu’ils n’ont pas besoin d’une histoire, ils en ont assez dans leur tête des histoires, ils n’ont pas envie qu’on leur raconte une autre histoire, basta ! Ils voient simplement du cirque et c’est tout ! Ils ne vont pas en faire un, de cirque, ils ne sont pas là pour ça, et pourtant l’histoire en cirque c’est la base a dit une spectatrice, c’est la base, même si l’histoire elle est bateau, c’est la base, a-t-elle insisté, faut une histoire, il y a toujours une histoire, il y a toujours un fil conducteur, c’est pour ça que Extension marche d’ailleurs, car le fil conducteur conduit à une histoire, l’histoire de gens qui se connaissent et qui s’aiment d’amour vache a résumé une spectatrice, mais on ne serait pas là ce serait pareil, ce n’est pas nous qui induisons l’histoire d’Extension, elle est déjà construite avant que nous la regardions, Extension c’est juste une scène de la vie quotidienne, un jeu vital d’équilibre et de déséquilibre entre l’homme et la machine, du banal magnifié par la fiction de la boîte noire du théâtre.

Pour Le Dico du spectateur
Joël Kérouanton,
à partir des paroles recueillies par Les Collectors.







DISTRIBUTION
CRÉATION COLLECTIVE DU CIRQUE INEXTREMISTE
AVEC : YANN ECAUVRE, RÉMI LECOCQ ET SYLVAIN BRIANI-COLIN OU JÉRÉMY OLIVIER OU RÉMI BEZACIER
SUR UNE IDÉE DE : YANN ECAUVRE
BEST REGARDS : STÉPHANE FILLOQUE
RÉGIE LUMIÈRE ET GÉNÉRALE : SÉBASTIEN HÉROUART
RÉGIE SON : FRÉDÉRIC GUILLAUME
PRODUCTION/ADMINISTRATION : GÉRALDINE GALLOIS
DIFFUSION/INTENDANCE : JÉRÔME SOUCHET

Crédits photos : Valery K Meisenthal (photo chapeau article), France Prou et Joël Kérouanton (photos de contexte)
Première mise en ligne le 18 novembre 2019 et dernière modification le 9 mars 2021

Cet article est le récit photographique d’une soirée « Critique du spectateur » menée avec le théâtre ONYX et Les Collectors, autour du spectacle DEAL.


Théâtre ONYX, 10 janvier 2020.

Librement inspiré de Dans la Solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, le duo de circassiens Jean-Baptiste André & Dimitri Jourde a pour point commun une approche physique du mouvement, à la lisière du cirque et de la danse. Acrobatie douce, fluidité des gestes, déséquilibres ou équilibres, les corps s’inscrivent en spires et volutes comme pour révéler l’idée d’un deal : l’échange avec l’autre, le défi à tenir, le marché conclu après négociations.
Un cirque à dimension théâtrale pour mettre en perspective le corps qui, avant de parler, se met en mouvement. Et c’est ainsi que se met en forme un deal ! (…).
PRÉSENTATION DE DEAL PAR ONYX, DANS LE CADRE DU FESTIVAL TRAJECTOIRES








Pour Le Dico du spectateur
Joël Kérouanton,
à partir d’un dispositif « Porteur de paroles citoyennes » mis en œuvre avec Les Collectors.


DISTRIBUTION
CONCEPTION, INTERPRÉTATION : JEAN-BAPTISTE ANDRÉ ET DIMITRI JOURDE
COLLABORATION À LA DRAMATURGIE : FABRICE MELQUIOT
CRÉATION MUSICALE : JEFFERSON LEMBEYE
CONCEPTION ET RÉALISATION DE LA SCÉNOGRAPHIE : VINCENT GADRAS
COLLABORATION ARTISTIQUE : MÉLANIE MAUSSION
RÉGIE GÉNÉRALE : JULIEN LEFEUVRE

Crédits photos : Benoît Thibaut (photos chapeau article) et Joël Kérouanton (photos de contexte)
Première mise en ligne le 22 janvier 2020 et dernière modification le 4 août 2020

Cet article est le récit d’une soirée « Critique du spectateur » menée avec le théâtre ONYX et Les Collectors, autour du spectacle Deixe-me.


Théâtre ONYX, 26 novembre 2019.

Énergique et acidulé, Deixe-me (« Laisse-moi » en brésilien) joué par la Cie Subliminati Corporation est le murmure hurlé par quatre repris de justesse ! Entre paradoxes et lieux communs, doutes et fragilités, ambitions et mesquineries, chaque individu se raconte devant nous en mots et en actes. Cascades, jonglage, acrobatie deviennent prétexte à confessions et anecdotes, grandes blagues et petits mensonges, toujours avec panache ! L’humour ravageur de la Subliminati Corporation ne ménage pas son auditoire. Deixe-me est un appel à la vie, à la communion du groupe et à la libération de l’individu, une fable désarmante de sincérité et d’humour !
PRÉSENTATION DE DEIXE-ME PAR ONYX.



« Subliminati Corporation ». Le nom de la compagnie interpelle. Fait presque rire. Deux mots, qui, l’un et l’autre, font Boom !, Plaf !!, Crac !!! — décalage assuré. Et c’est ce qui s’est passé. Barré, givré, hystérique, bordélique, pas complaisant pour un sous, son spectacle Deixe-me a décalé un public rigolard, jusqu’à en perdre plus d’un. Le plus étrange ? Ces spectateurs et spectatrices perdu·es ont apprécié cet état de perdition. Comme si les danseurs et danseuses de Subliminati Corporation avaient emmené les spectateurs et spectatrices avec eux, par leur énergie ? Leur folie ? Leurs cabrioles enfantines ? Leur désordre assumé ? Leur humour ? Leur ballet foutraque mais puissant ? « Je n’ai pas tout aimé, mais ce n’est pas ça le plus important », précisera un spectateur.

On voit bien que le fameux « comprendre » n’a pas été au centre des enjeux lors de cette soirée où certains spectateurs ont pu sublimer par les mots la façon dont ils avaient incorporé la danse. Car ils ont incorporé Deixe-me. Une incorporation du lâcher-prise : « Au début on essaie de comprendre, et puis on se laisse bercer par les mots et les situations, on cherche un sens alors qu’il n’y en a pas d’emblée ». Oui, pas forcément un sens premier, un sens qui saute aux yeux, mais des sens en ébullition, du lâcher-prise, de l’exutoire, de la sensation physique de rébellion, de l’explosion personnelle, une « carte de l’humain » a même formulé une spectatrice en verve. « Un décalage constant du sens » a complété son voisin. Comme si nous, spectateurs et spectatrices, zappions d’une chaîne à une autre, passions du sport à l’actualité, à une série romantique, à un documentaire au Brésil. Deixe-me parle avec dérision de la dérive consommatrice. Deixe-me est le jeu absurde (et tellement jouissif) du zapping transféré dans l’espace du spectacle.

L’ensemble des interprètes ont passé leur temps à changer de costumes — on pourrait dire : changer de peau. S’essayer à de nouvelles identités. Perdre le contrôle de soi. Jusqu’à essayer des Google Shoes et être dépassés par la technologie. Un plaisir que seule la scène peut donner : s’essayer, par le vêtement, à d’autres vies que la sienne. Nous pourrions presque les jalouser si les danseurs et danseuses n’avaient dû vaincre, dès le début du spectacle, un ciel en colère. Les coups de tonnerre ont démarré aux trois coups, il y avait à l’évidence un synchronisme étonnante entre les éléments de la scène et les éléments du cosmos. « Moi j’adore ça », a témoigné un des interprètes après la représentation, « Si je pouvais jouer à poil sous la pluie, je le ferais ».

Avec cet orage d’une violence rare, la violence du propos scénique était décuplée. Sans compter la présence des interprètes, qui luttaient contre les éléments naturels tout en cherchant à nous associer à leur histoire. Dès lors qu’ils ont cessé de lutter contre, et d’accepter l’élément naturel dans leur jeu, ils ont pu trouver leur tempo. « Ils » ? Les quatre corps dansants. Ou les quatre clowns. Ou les quatre personnages. Avec ces zigotos-là on ne sait pas.

Spontanément on se dit : quatre personnages comme quatre récits croisés ? Non. Du tout. Ils ne se rencontrent pas ou peu. On ignore ce qu’ils ont à se dire. Ils existent mais font chemin distinct. Ils ont suffisamment à faire avec eux-mêmes, continuellement occupés dans cette guerre du soi à soi — est-ce cela qui les rend si attendrissants ? Ils ne se rencontrent pas mais se rencontrent par les corps, la danse, le ballet. Par un sublime ballet claudicant. Un ballet claudicant sur le dancefloor. Le plus dingue est l’apparente improvisation perpétuelle, alors que l’on sait bien que l’écriture chorégraphique est fine. Tout est écrit et rien ne paraît écrit. Ce serait cela une chorégraphie bien écrite.

Et il y a ce bruit d’hélicoptère. Une allusion aux treize soldats morts en hélicoptère au Mali lors d’une opération de guerre contre l’islamisme radical ? Un deuil national venait d’être décrété peu avant la représentation… Les danseurs et danseuses de Subliminati Corporation savent capter le monde et nous le renvoyer sous forme diffractée. Les Collectors les soupçonnent d’inventer une situation et des costumes selon le moment où ils jouent.

Malgré la puissance troublante de Deixe-me, le public est resté dubitatif. Il a ri, beaucoup. Il a kiffé, beaucoup. Il a aimé les personnages, beaucoup. Mais il est resté attentiste, embarrassé, entre le zist et le zest, incertain, indécis, interrogatif, sceptique, indéterminé, irrésolu, en d’autres termes : perplexe. Des spectateurs et spectatrices perplexes troublé.es par la co-présence continue entre la grandiloquence de la musique et la fragilité des humains. « Les deux semblaient se confondre et c’était assez perturbant, en fait » résumera une spectatrice, avant de qualifier ce trouble de « torture des esthétiques ».

Perplexe aussi comme cette spectatrice accoudée au bar après la représentation, que Les Collectors ont pu approcher (non sans boire un verre) : « J’ai trouvé ça trop cool, et puis quand ça c’est fini je suis restée comme deux ronds de flan. Pas pu décoder. Pas trouvé de fil rouge. Pas tout suivi. À un moment donné j’ai pensé trouver une idée, et puis c’est reparti. » Le spectateur ou la spectatrice perplexe, Les Collectors ne l’ont pas trouvé qu’au bar. Il ou elle déambulait aussi dans le hall du théâtre, comme s’il fallait mettre des mots sur sa perplexité et rentrer chez soi en ayant déposé son sac de problèmes esthétiques. Les Collectors ont soupçonné un moment le public de reproduire les mêmes gestes que les interprètes de Deixe-me, qui avaient trimbalé leurs balluchons — une allusion aux migrants ? — tout au long de la représentation, avant de les déposer sur scène et de s’en aller, dépouillés de leurs soucis. Cette histoire de sac a même donné lieu au pitch de la soirée : Deixe-me, ce sont des gens qui reviennent de la guerre et à la fin ils enterrent leurs morts. »

Pour Le Dico du spectateur,
Joël Kérouanton,
à partir des paroles receuillies par Les Collectors.






DISTRIBUTION
DE ET AVEC : MIKEL AYALA, AUDE MARTOS, MAEL TEBIBI, ROMAIN DELAVOIPIÈRE.
CO-MISE EN SCÈNE : VIRGINIE BAES & SUBLIMINATI CORPORATION
CRÉATION LUMIÈRE : THOMAS BOURREAU
RÉGIE GÉNÉRALE : MATHILDE PACHOT
ADMINISTRATION / PRODUCTION : LES THÉRÈSES ET SARAH BARREDA

Crédit photo : Sébastien Armengol (photo de constat) et Joël Kérouanton (photo de contexte)

Mise en ligne le 17 mars 2020 et dernière mise à jour le 9 mars 2021.

Cet article est le récit d’une soirée « Critique du spectateur » menée avec le théâtre ONYX et Les Collectors, autour du spectacle Comme aucun nid n’entoure son oiseau.


Théâtre ONYX, 9 février 2020.

Le spectacle s’empare de l’œuvre inachevée de Kafka, Le Terrier, pour lui donner la saveur de l’enfance, celle de l’imagination débordante et des folles aventures. Se lover dans les creux et recoins d’une cabane, échafauder des constructions improbables, fantasmer des ennemis, être affairé, construire des mondes imaginaires…
À l’aide d’une étonnante construction de bambous, les deux interprètes nous entraînent dans l’univers de l’enfance, un univers onirique et épique digne des récits d’heroic fantasy.
PRÉSENTATION DE COMME AUCUN NID N’ENTOURE SON OISEAU PAR LE THÉÂTRE ONYX.









Agora du spectateur, dans son nid, après le spectacle Comme aucun nid n’entoure son oiseau, Maison des arts de Saint-Herblain, 9 février 2020.

DISTRIBUTION
CONCEPTION : MANOËLLE VIENNE
INTERPRÉTATION : LAURIANE DOUCHIN, MANOËLLE VIENNE
TEXTES : D’APRÈS LE TERRIER (EXTRAITS) FRANZ KAFKA, TRADUIT PAR OLIVIER MANNONi, © L’HERNE
COMPOSITION MUSICALE : JEAN-FRANÇOIS CAVRO
RÉGIE SON ET ARRANGEMENT : MATHIEU ROCHE
CRÉATION LUMIÈRE : CHLOÉ SEILLER
CRÉATION COSTUME : AMÉLIE GAGNOT
MUSIQUE : Y. BOULARES, V. SEGAL, N. WAITS ; LES VOIX DU MONDE ; C. SAINTS-SAËNS
REGARD EXTÉRIEUR : CAMILLE RÉGNIER-VILLARD

Crédits photos – Jean-Pierre Baud (photo chapeau article) et Joël Kérouanton (photo de constat)
Lecture-correction – Mélanie Tanous
Première mise en ligne le 18 mars 2020 et dernière modification le 25 février 2021

Cet article est le récit d’une soirée « Critique du spectateur » menée avec le théâtre ONYX et Les Collectors, autour du spectacle GUS.


Théâtre ONYX, 22 novembre 2019.

Gus est un chat. Si nous sommes beaucoup à chérir ces petites boules de poils, Gus, lui, est un félin boiteux, pas vraiment cool, peut-être même carrément cinglé, à la limite du dangereux. Gus serait-il un peu con ou Gus aurait-il juste manqué d’affection ? Derrière Gus, Sébastien Barrier nous parle de la fragilité de l’enfance à travers une poésie hybride tendre et joyeusement trash. Avec intelligence, sensibilité, drôlerie et une pointe de mélancolie, ce conte musical et graphique est foutraque à souhait (…).
PRÉSENTATION DE GUS PAR ONYX, DANS LE CADRE DU FESTIVAL LES ENFANTS TERRIBLES.











RÉCIT D’ÉMANCIPATION FÉLINE
Gus, c’est le nom d’un chat.
C’est aussi le nom d’un spectacle.
Qui raconte l’histoire d’un chat.

Cette histoire de chat est racontée par un humain.
D’ailleurs, dans cette histoire, le chat parle.
Et quand il parle, il évoque très souvent « mon humain ».
Un peu comme les humains disent « mon chat ».

Gus fait des bêtises.
Tellement qu’aucun humain.
Ne lui prête attention.

Un chat écorché vif.
Qui reprend sa vie en main.
Après avoir failli la perdre dans une poubelle qui sentait la pisse.
Récupéré in extremis par sa famille d’accueil d’humains.

Gus est un miracle vivant.
Gus restera vivant.

Sa famille d’humain ? Elle va s’agrandir.
Un petit humain va naître.
Qui va probablement s’allergiser aux poils de chat.
À n’en point douter Gus se retrouvera dehors.
Aussi c’est décidé.
Gus se fera la malle à moto.
Avec son ami chat Oui-Oui.

Le duo va dans le pays d’origine des mimies.
Au-dessus des nuages.
Retrouver le soleil.
Oublier la tristesse.

Ils croisent d’incalculables phares de voitures.
Telles des ombres humaines errantes.
Des fantômes.
Des formes.
Des zombies.

Vont-ils mourir ?
Oui, ils vont mourir.
Des chats sur la route.
Ça fini toujours aplati, non ?

Sauf Gus, qui a trouvé un véhicule imaginaire.
Pour rejoindre le pays des chats.


ÉMOTIONS ÉMOTIONS
La fin oh la fin !
J’aurais aimé que le chat revienne.
A confié une spectatrice.
Il n’est jamais revenu.
S’est-il plaint.
Il y a vraiment une part d’ombre dans Gus.
J’ai beaucoup ri, d’un rire un peu jaune, voire un peu noir.

Mais le ciel commençait à s’éclaircir à la fin.
Ils allaient sortir des nuages.
Vers le soleil et la chaleur.

Sur la dernière image vidéo projetée.
Gus est dépoilé, hirsute, vieillissant.
La photo portraitise l’humain chez le chat.

La vie du chat marque le corps du chat.
La vie des humains marque le corps des humains.

Gus, c’est nous.

CASTRATION & FUITE
Entre Gus et Oui-Oui.
Ce n’est pas de l’amitié.
C’est de l’amour.
Ils se barrent à moto tous les deux.
Pour ne pas se faire castrer.

Avec leur amitié.
En guise de bouée.
S’en fichent où ils vont.
Puisqu’ils se sentent aimés.

Rien ne vaut l’amitié féline.

Les humains castrent les chats.
Parce qu’ils les aiment.
Ils leur enlèvent un morceau.
Pour les inciter à rester auprès d’eux.

Est-ce que l’amour ce n’est pas ça ?



ÉCRITURE EN DIRECT
Parfois Gus écrit à sa mère.
Sa lettre s’écrit en direct sur grand écran.
Ce qu’il dit n’est pas vraiment ce qu’il écrit.
Un petit décalage succulent.
Une tension entre le dit et l’écrit.
La tension de l’émotion.

Il s’adresse à sa mère.
À sa mère imaginaire.
À notre mère à toutes et à tous.
Une parole de soi authentique.
Où la sensation prime sur la pensée.
Où les phrases courtes, très courtes même.
Priment sur les beeeeelles phrases.
L’urgence des sentiments ?

Dans l’assemblée.
Se trouvait un spectateur-miroir.
Pourvue d’innombrables neurones miroirs.
Au point d’avoir froid.
Quand l’acteur se lave à l’eau froide.

De la fusion ?
De l’empathie ?
De l’altérité ?
Du sauvetage ?
S’est-il interrogé.

Ce serait ça « être humain ».
Lui ont répondu en chœur.
Les Collectors.



DU NOUVEAU CIRQUE
L’acteur, Sébastien Barrier (alias Ronan Tablantec).
Est froid et chaleureux « en même temps ».
L’homme garde ses distances.
Tout en étant proche du public.
Le mec est rock, encourage les applaudissements.
Les commente par des « C’est trop tard » ou des « C’est pas le moment ».
Se crée une tension drôle entre lui et nous.
On ne sait jamais que faire.
On interroge ses voisins et ses voisines.
Nos émotions tournent à plein.

Le spectacle se déroule sous chapiteau.
Du « nouveau cirque » ils appellent ça.
Alors il n’y a pas d’animaux.
Enfin pas d’animaux réels.
Juste des animaux imaginaires.
Présentés sous forme dessinée.
En mode portrait.
Un par un.

Sébastien Barrier se sert d’animaux bringuebalants.
Pour instruire les humains bringuebalants.
Un bestiaire illustré, en somme.
Avec ses personnages archétypaux.
C’est rock et triste.
Tragique et burlesque.

On s’est crus un moment.
Dans le roman de George Orwell.
La Ferme des animaux.
Sommes-nous tous des Napoléon ?
A demandé un spectateur-référence.

En écoutant la plainte énergétique de Sébastien Barrier.
En l’écoutant parler chat.
J’ai pensé à Zouc l’actrice suisse.
Qui parlait petite fourmi.
A dit une spectatrice.
L’animal est prétexte.
À parler des humains.
Pauvres animaux !
S’est exclamée la même spectatrice.
Les humains ne parlent jamais des animaux.
Pour parler des animaux.
Mais pour parler d’eux-mêmes.


Pour Le Dico du spectateur
Joël Kérouanton,
à partir des paroles recueillies par Les Collectors.




DISTRIBUTION
DE ET AVEC : SÉBASTIEN BARRIER
CRÉATION LUMIÈRE : JÉRÉMIE CUSENIER
RÉGIE GÉNÉRALE : ALICE GILL-KAHN OU ÉLODIE RUDELLE
SON : JÉRÔME TEURTRIE
DESSINS : BENOÎT BONNEMAISON-FITTE
MERCI À CATHERINE BLONDEAU ET CHLOÉ GAZAVE

*Crédits photos : C. Ablain (photo chapeau article) et Joël Kérouanton (photos de contexte)
Première mise en ligne le 18 novembre 2019 et dernière modification le 4 août 2020

k

kif

Adhère, ré-adhère, sur-adhère à ce spectacle. S’emballe, re-s’emballe, sur-s’emballe de ce spectacle. Kiffe, rekiffe, surkiffe ce spectacle.


« (…)
La danse des ongles ?
J’ai trop kiffé.
Comme des Mikados.
Au bout des doigts.
Vingt centimètres.
Par doigts de sorcière.
Vingt centimètres.
Pour danser.
SPECTATEUR ANONYME DU XXIème SIÈCLE (VAL D’OISE).
Expérience : Val d’Oise — saison 5
Collecte : menée par les animateurs socio-culturels du Val d’Oise, lors d’une soirée “Critique du spectateur” autour de Belladona, Compagnie Pernette, 29 mars 2019.
Géolocalisation : Espace Sarah Bernhardt, Goussainville, Val d’Oise (France)
M
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Miroir

Pourvus d’un nombre élévé de neurones miroirs, il percevoit et reconnaît les émotions de l’acteur évoluant sur scène. Le spectateur-miroir subit ce que les spécialiste nomme la « contagion émotionnelle » : par désir mimétique ou par empathie, il peut éprouver des émotions particulièrement fortes, voire prendre des risques inconsidérés.


« (…) Dans l’assemblée.
Se trouvait une spectatrice
Pourvue d’innombrable neurones miroirs.
Au point d’avoir froid.
Quand l’acteur se lave à l’eau froide.(…) »
UNE SPECTATRICE ANONYME DU XXIème SIÈCLE AUTOUR DE GUS…
Expérience : théâtre ONYX — 3
Collecte : menée par Les Collectors, lors d’une soirée « Critique du spectateur » autour du spectacle GUS, Sébastien Barrier, 22 novembre 2019, ONYX/ La Carrière ».
Géocalisation : ONYX-La Carrière, Saint-Herblain (France)
P

Perdus (et-qui-aime-la-perdition)

Lassé des mêmes esthétiques, lassé de soi et de sa vie en général, le spectateur perdu cherche l’inconfort de la perdition, à une condition : que cette sensation soit accompagnée d’une énergie à déplacer des montagnes.


« (…) Le plus étrange ? Ces spectateurs perdus ont apprécié cet état de perdition. Comme si les danseurs et danseuses de Subliminati Corporation avaient emmené les spectateurs et spectatrices avec eux, par leur énergie ? Leur folie ? Leurs cabrioles enfantines ? Leur désordre assumé ? Leur humour ? Leur ballet foutraque mais puissant ? On voit bien que le fameux “comprendre” n’a pas été au centre des enjeux du spectateur durant cette soirée où certains ont pu sublimer par les mots la façon dont il avait incorporé le spectacle. Car les spectateurs et spectatrices ont incorporé DEIXE-ME. Une incorporation du lâcher prise : « Au début on essai de comprendre, et puis on se laisse bercer par les mots, par les situations, on cherche un sens alors qu’il n’y a pas forcément. ». Oui, pas forcément un sens premier, un sens qui saute aux yeux, mais des sens en ébullition, du lâcher prise, de l’exutoire, de la sensation physique de rébellion, de l’explosion personnel, une “carte de l’humain” a même formulé une spectatrice en verve. (…) »
KÉROUANTON (Joël), in « Le Dico du Spectateur », 2019.
Expérience : théâtre ONYX — 3
Collecte : menée par Les Collectors, lors d’une soirée « Critique du spectateur » autour du spectacle DEIXE ME, Cie Sublimation incorporation, 26 novembre 2019, ONYX ».
Géocalisation : ONYX-La Carrière, Saint-Herblain (France)
R

Référence

Qui dit art dit : ré-fé-ren-ce.
Spectateur, c’est donc :
1) chercher les références à l’histoire de l’art (et, bien sûr, en trouver peu).
2) puiser dans ses propres références (elles sont pléthoriques et pas toujours « comme il faut »).
Bref, spectater, c’est accepter une position bancale.
Et s’y tenir.


« (…) Ce qui se passe sur scène est souvent impossible à raconter. Du coup, j’aime passer par des références cinématographiques. Comme pour le spectacle ASSIS, de Cédric Cherdel : la façon qu’avaient les danseurs de se dandiner et de courir, ça me faisait penser à Didier, le film d’Alain Chabat (…). »
UN SPECTATEUR ANONYME DU XXIe SIÈCLE - COLLECTE D’IMPRESSIONS AUTOUR DE ASSIS
Expérience : théâtre ONYX — 1
Collecte : menée lors d’une journée « Critique du spectateur » autour de ASSIS (Cédric Cherdel, association UNCANNY), 27 janvier 2017. Dans le cadre du projet Assis | DANSÉCRITURE.
Géocalisation : ONYX-La Carrière, Saint-Herblain (France)

Colophon

Présentation des Collectors

Design graphique : atelier g.u.i.
Les Collectors : Audrey, Camille, Cécile, Christine, Claire, Danièle, Elise, France, Isabelle, Jacqueline, Jean-Noël, Joël, Laurence, Rose, Sophie, Thierry, Vincent.
Équipe de médiation culturelle : Jean-Noël Charpentier, Elise Denier, France Prou.
Lecture-correction : Solène Bouton.
Direction éditoriale  : Gaëlle Lecareux, Jean-Noël Charpentier et Joël Kérouanton.